samedi 24 septembre 2011

On nous casse tout, on nous dit rien


Le titre fait allusion à une chanson de Jacques Dutronc.

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Nous vivons en démocratie. Enfin, c’est ce qu’on dit. C’est le régime politique qui est fait, selon la définition, “par et pour le peuple”. Mais que signifie ce mot si les détenteurs du pouvoir politique – je ne dis pas simplement “le pouvoir” ne soyons pas naïfs – ne daignent pas informer les citoyens ? 

Ne parlons pas des media écrits ou électroniques, qui pour la plupart ne peuvent se permettre de déplaire à leurs actionnaires, ni des journalistes qui ne sauraient mordre la main qui les nourrit. Ces pauvres gens sont exposés à la pire des dissonances cognitives – le terme est à la mode ces temps-ci – car ils sont constamment forcés de fouler aux pieds les principes qui les ont attirés dans leur profession. Ils ne sont pas les seuls, loin de là. 

Mais parlons des élus, eux qui sont amenés à laisser croire qu’ils sont aux commandes, qu’ils prennent les décisions, mais qui n’ont, comme l’avait jadis si justement écrit Richard Martineau dans le Voir, pas plus de liberté de manœuvre qu’un semi-remorque qui recule dans une ruelle. Je crois bien que cette métaphore est ce qu’il a fait de mieux dans toute sa carrière de plumitif. 

Les élus, donc — et on passera pudiquement sur la façon dont ils l’ont été – sont censés gouverner “pour et par le peuple”, c’est à dire dans l’intérêt des citoyens et en prenant leurs opinions en considération. 

Or la fusion de Terrebonne et de Mascouche, qui est un secret de polichinelle, n’a jamais été annoncée, n’a jamais fait l’objet d’une consultation de la population ni d’aucun débat public (on veut croire que les gens qui comptent, eux, ont donné leur avis). Le maire de Terrebonne, à qui la question fut posée par une ancienne candidate de Renouveau Terrebonne, a répondu très fermement qu’il n’en était pas question, « pas de notre côté en tout cas », et que c’était encore une rumeur ou une allégation, sans doute propre à n’intéresser que les gens qui aiment regarder TVA, qui serait apparemment l’exemple même de mauvaise information. 

Car comme chacun sait, il n’y a jamais eu rien, absolument rien de vrai dans tout ce que ces journalistes au mauvais esprit ont déterré. 

Ah bon. Lisez donc La Presse - ah mais c’est encore l’Empire. Alors regardez RDI, lisez Le Devoir. Y a-t-il des limites au déni ? 

Cependant, on a vu dans un lieu public les deux maires de la couronne nord qui ont le plus d’allégations accrochées derrière leur pare-choc, comme autant de bruyantes casseroles, discuter dans un lieu public, haut et fort, de leur avenir dans la future ville. 

Pourtant, on sait que la discrète fusion des services municipaux est en bonne voie, à commencer par la police, puis les pompiers, et le reste à l’avenant. Comment le sait-on ? Il ne s’agit bien entendu que de rumeurs infondées, d’ignobles et scandaleuses allégations. Les personnes trop bien informées qui les propagent ne sont pas assez inconscientes pour dire leur nom publiquement, de crainte de représailles. Cela seul montre à quel point l’atmosphère dans la couronne nord est foncièrement malsaine. 

Tout finit toujours par se savoir, surtout dans un petit pays comme le Québec, et dans des municipalités qui s’enorgueillissent de leurs cent mille habitants et de leur microscopique salle municipale. Il y a des informations qu’on aurait aimé lire dans le bulletin municipal et dans les hebdos locaux avant que dans la presse nationale, dont on aurait voulu entendre parler lors des retransmissions des séances publiques du conseil municipal plutôt que dans des émissions d’affaires publiques – oui, d’affaires

Ah mais voilà, nos “élus” – car ils prétendent à ce titre (rappelons qu’un gros deux tiers du tiers des votes exprimés, c’est peu en termes de légitimité) – ne voient absolument pas l’intérêt de filmer et de mettre en ligne les séances du conseil municipal. Ni d’ailleurs d’informer la populace. Regarder ailleurs, on sait ce qu’il faut faire, ne vous mêlez surtout pas de ce qui vous regarde. 

Bien. 

Donc, le mystère de la fusion froide nous sera révélé quand nous serons mis devant le fait accompli. On commence par la base, et quand cette ville siamoisée n’aura plus qu’un corps et deux têtes, on fera un “un pour deux” et le poulain sur lequel se seront entendus les deux sortants sera “élu”, par les abstentionnistes sans doute, et avec la bénédiction de quelque potentat local qui se moque bien de qui sera à la mairie pourvu que les façons de faire des affaires restent inchangées. 

Comme Monsieur le Maire, qui était de Terrebonne humeur (il avait fêté la veille son anniversaire [bon anniversaire, Monsieur le Maire], ce qui fait du 11 septembre une date mémorable), l’a rétorqué à une citoyenne qui osait impudemment poser des questions, la population « est bien difficile à satisfaire ». Elle voudrait être informée, elle aimerait bien être consultée sur un changement majeur qui l’affectera, bref elle aurait aimé avoir son mot à dire. Comme lors d’un référendum, par exemple. Mais on ne peut pas vraiment attendre cela de la part de gens qui trouvent que « les élections, ça coûte cher et c’est inutile ». 

C’est que, justement, les liens sont déjà si étroits entre les deux administrations municipales, et avec les gens qui comptent que, dans les faits, la fusion est presque déjà faite, à un certain niveau du moins. Il est impossible d’en dire davantage sans verser dans les allégations, qui sont devenues le sport national de ces gens qui n’ont rien de mieux à faire que de s’informer, même à TVA. Ou à la SRC. Ou dans la presse locale et nationale. 

Comme le regrettait le Maire de Terrebonne, tout le monde ne peut pas, comme le maire de Québec, faire voter des lois spéciales pour s’entendre avec Péladeau. Il faut être plus discret, quand on est plus petit. 

Mais ça n’empêchera pas la destruction en forme de PPP des services à la population et des restes de l’apparence de démocratie. 

Thibaud de La Marnierre,
Renouveau Terrebonne

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