samedi 24 septembre 2011

Savez-vous trouver des sous à la mode, à la mode, Savez-vous trouver des sous à la mode de chez nous ?

Le financement des partis politiques est le talon d’Achille de la démocratie. 

Comme on sait, le divin Achille (demi-dieu, en fait : sa mère était une déesse) était invulnérable, sauf au talon, par lequel le tenait sa mère quand elle le plongea dans la fontaine magique qui lui conféra ce don. C’est donc par là qu’un archer d’Ilion le blessa, ce qui le fit mourir. L’asepsie, en ces temps reculés, était encore un peu moins bonne que dans nos hôpitaux. 

Pareillement, les systèmes politiques des pays qui se prétendent démocratiques – à l’exclusion des défuntes “démocraties populaires” — sont relativement satisfaisants sur le papier, mais laissent une porte d’entrée, à peine dérobée, aux pires malversations.

Pour reprendre la métaphore infectieuse, une affection apparemment anodine comme l’herpès cause des lésions par lesquelles peuvent entrer des agents nettement plus agressifs, comme le HIV. 

Les institutions démocratiques, donc, ne sont pas si terriblement mauvaises. Perfectibles, sans doute, mais… 
Les lois foisonnantes peu ou mal appliquées, les règlements pusillanimes nous étouffent sans nous soigner. Une loi ne vaut que si elle est effectivement appliquée, et dans l’esprit qui l’a fait rédiger. On en est loin. 

Le directeur général des élections du Québec, qui ne pouvait décemment pas ne pas réagir à toutes les “affaires” qui agitent le  marigot politique (ça fait crier les grenouilles grenouillantes), a formulé de nouvelles règles censées réintroduire un peu de décence, à défaut d’honnêteté, dans le financement des partis politiques. Il a donc pondu ce qu’il a pu. 

Et puis l’éléphant blanc est éclot. Ces règles nous pavent le chemin avec tant de bonne volonté que, à l’instar de la constitution de la défunte URSS, elles sont inattaquables. Sur le papier. 

Oui mais voilà, les formalités sont telles que les petits partis qui ne peuvent s’offrir les services d’un spécialiste des arcanes financiers gouvernementaux sont complètement déconcertés, et les citoyens sont effrayés par ce qu’ils perçoivent comme du harcèlement administratif assorti de menaces. 

C’est très estimable de vouloir bien faire. On dit qu’on veut assainir le financement des partis. Mettons que ce soit le cas. Cela sera-t-il ?

Le gros problème de la politique des pays dits démocratiques, c’est que nous vivons dans un système “au plus fort la poche”, et le plus fort, c’et celui qui a les poches les plus pleines. Pour se faire élire, il faut absolument dépenser beaucoup, énormément, toujours plus. Et ce ne sont pas les citoyens qui peuvent fournir de tels capitaux. 
Les politiciens, ou aspirants politiciens, sont donc livrés pieds et poings liés aux gros intérêts, qui sont tout disposés à proposer des contributions en liquide. Bien entendu, ils s’attendent, ce qui est normal, à un retour sur investissement. 

Alors ? Le politicien n’a qu’une alternative, deux choix : ou bien il reste propre et n’est pas élu, ou bien il mange à la même mangeoire que tous les autres et se fait élire. C’est la brutale réalité. 

Les nouvelles règles y changeront quelque chose ? Absolument rien. Elles ne gêneront que les tout petits, les naïfs, les honnêtes — pour ne pas dire les caves. 
Les professionnels du financement politique connaissent déjà tous les itinéraires détournés, et ne verront même pas passer les fonds qui iront directement de leurs généreux bienfaiteurs à des organes de presse (par contras publicitaires interposés) ou des prestataires de service qui n’auront rien à leur refuser.  

Moralité ? On nous prend…. Pour ce que nous sommes. 

Thibaud de La Marnierre,
Renouveau Terrebonne

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